Constats et ressentis des enseignants sur la semaine de 4,5 jours

Nos enfants seraient plus fatigués. Plus fatigués que qui ? Certainement pas plus que les enfants des communes voisines que nos enfants fréquentent tout le long de la semaine lors de leurs activités extrascolaires ou dans le cadre familial. Peut être qu’il y a tout simplement une coquille et qu’il faut lire que les enfants sont fatigués. Cela parait plus exact. Du coup si on ne veut pas rester au stade du constat et passer à l’action il faut établir un diagnostic sérieux pour trouver des solutions au problème. Je suis donc allée à la recherche d’informations vérifiées dans la littérature scientifique et auprès de spécialistes. J’ai invité Christine Cannard spécialiste du sommeil et enseignante à l’université de Grenoble à venir nous expliquer ce qu’étaient la fatigue et ses causes. Vous trouverez sa vidéo dans la partie documents.

Qu’en ressort-il ?

L’école le mercredi n’est pas en cause puisque les enfants du secteur n’ayant que 4 jours d’école ne sont pas moins fatigués que nos enfants. De plus si on s’appuie sur des mesures vérifiées on voit que les enfants n’ayant pas école le mercredi sont désynchronisés. Quels sont les effets de cette désynchronisation ? « Cette désynchronisation s'accompagne de troubles atypiques tels que fatigue, mauvaise qualité du sommeil, mauvaise qualité de l'appétit, troubles de la concentration et des performances qui gêneront considérablement l'enfant se trouvant dans une telle situation » nous dit un rapport de l’académie de médecine (Touitou and Bégué, 2010). Dans le même rapport les auteurs indiquent que « en dehors de toute maladie, l’enfant est souvent fatigué à l’école. Cette fatigue est souvent en rapport avec un excès d’activités, qu’elles soient de loisirs (activités sportives, activités artistiques, temps passé devant l’ordinateur, ...) ou de soutiens scolaires divers (cours particulier, surinvestissement des parents dans le contrôle des devoirs et leçons, ...). Cet ensemble d’éléments aboutit à une réduction du temps de sommeil, facteur cardinal pour la bonne santé de l’enfant et, par voie de conséquence, à des troubles de l’attention, de la somnolence diurne, des troubles du caractère, parfois un syndrome d’hyperactivité, des troubles anxieux (craintes de mauvais résultats et de punitions) qui à leur tour engendrent des difficultés d’apprentissage et une diminution des résultats scolaires ».

Un manque de sommeil en quantité et en qualité ?

D’après le centre de recherche Douglas de l’université Mc Gill, « le manque de sommeil affaiblit la capacité des élèves à gérer leurs émotions ». Les symptômes repérés par les enseignants correspondent donc tout à fait aux effets d’un manque de sommeil.

Une atmosphère viciée ?

Le bilan de la campagne de mesure de la qualité de l’air à l’école maternelle donné lors du premier conseil d’école était le suivant : "Les voyants sont au vert puis passent à l’orange puis au rouge. Après la récréation ils sont de nouveau au vert". Comme on peut le voir dans la figure ci-dessous un voyant au rouge indique une concentration en CO2 supérieure à 1500 ppm. Les effets biologiques correspondants sont la fatigue et une concentration réduite. C’est pourquoi il faudrait aérer dès le virage à l’orange surtout dans le contexte sanitaire actuel.

En conclusion le diagnostic des enseignants sur les causes de la fatigue observée n’est compatible ni avec les observations scientifiques ni avec les comparaisons avec les autres enfants du secteur. En revanche des phénomènes avérés comme le manque de sommeil et une mauvaise qualité de l’air intérieur sont des sources connues des problèmes remontés.